Vous connaissez cette loi? Je sens que certains d’entre vous commencent déjà à développer un de ces maux de têtes…
Relisons la phrase plus lentement : loi inverse (donc on inverse, le positif devient un négatif); le carré de la distance (la distance en pouces, centimètres, pieds, etc. au carré, donc multipliée par elle-même). Bien beau, mais ça sert à quoi? Malgré les apparences obscures de cette règle, on vit tous avec elle à un moment ou à un autre.
Vous utilisez une lampe de poche. Lorsque vous la pointez au sol, celui-ci est très bien éclairé. Mais pointez la lumière vers la forêt de l’autre côté du lac et vous ne verrez pas la rive opposée. C’est ça la loi du carré inverse de la distance : la lumière diminue (se « perd ») avec le carré de la distance.
Allons-y maintenant d’un exercice plus pratique pour les photographes. Vous photographiez un sujet plat et décidez de placer une seule source de lumière à 6 pouces de son bord gauche. Le sujet mesure 12 pouces de large, de sorte que la distance entre la lumière et le bord droit du sujet est de 18 pouces. Par conséquent le bord droit est trois fois plus loin de la source de lumière que le bord gauche. Si on applique la formule on obtient 3x3=9 (le carré de la distance la plus éloignée), que l’on met à l’inverse; autrement dit, le côté droit du sujet reçoit 9 fois moins de lumière que le côté gauche…
Pour corriger, on peut alors faire quelque chose qui semble contre-intuitif : on éloigne la source lumineuse du sujet… La lumière est maintenant à 5 pieds du bord gauche, donc à 6 pieds du bord droit. La différence entre les deux n’est plus que de un cinquième, ce qui est négligeable et les deux cotés paraissent éclairés de façon beaucoup plus uniforme!
Donnons un autre exemple. Vous photographiez oncle George au flash. Vous êtes à 5 pieds de George, mais le mur derrière lui est à 20 pieds. Le mur étant quatre fois plus loin, il reçoit 4x4=16 fois moins de lumière. C’est pour cette raison que beaucoup de photos au flash ont un arrière-plan si sombre. Trois solutions s’offrent alors à nous. La première est de réduire la distance entre le sujet et le fond, chose facile avec oncle George… La deuxième consiste à utiliser un second flash pour éclairer le fond; celui-ci devra logiquement être réglé pour donner assez de lumière au fond sans affecter l’éclairage sur le sujet principal. C’est une solution possible, en autant qu’on ait un deuxième flash et le temps de s’installer. La dernière solution est de changer l’exposition pour tirer avantage de la lumière ambiante. A moins de photographier de nuit, il y a toujours de la lumière disponible; on peut alors monter l’ISO et/ou changer l’ouverture et la vitesse pour obtenir un peu plus de lumière ambiante sur le fond. Ma façon de procéder est de changer mes réglages jusqu’à obtenir une image légèrement sous-exposée, ce qui permet de faire ressortir le sujet avec un coup de flash. Évidemment, la vitesse ne doit pas descendre trop bas, au risque de créer des flous de bougé ou des images fantômes autour de l’image nette crée par le flash.
Pour ce qui est de la lumière du flash elle-même, on la contrôle avec la « compensation d’exposition au flash ». Un tel contrôle existe soit sur le flash soit sur l’appareil. Ainsi, un sujet blanc doit recevoir plus de lumière pour paraître blanc. Si on laisse le flash à son réglage « moyen » on obtient une exposition « moyenne », soit du 18% gris… Si vous voulez vous en faire la preuve, photographiez une feuille blanche au flash, d’abord avec le réglage normal, puis avec la compensation d’exposition au flash à +1 ou +2…
Une fois bien maîtrisée, la bonne utilisation du flash permet de balancer les deux sources de lumière et d’éviter ces affreux fonds noirs que l’on voit trop souvent en photographie au flash.
La loi inverse du carré de la distance c’est vrai pour les lampes, c’est vrai pour les flashs, c’est vrai pour toutes les sources de lumière. C’est pour cette raison que Mars reçoit moins de lumière du Soleil que la Terre…
LES PHOTOS
En plaçant une lampe sur une feuille de papier on voit très bien l’effet de la loi inverse du carré de la distance…
Olympus E-M1 Mark III, 12-40mm, 1/13 à f/8, ISO 400
Une seule lumière place à gauche, très près du sujet, aura le même effet que l’image de la lampe sur une feuille de papier… La lumière tombe rapidement et le côté le plus éloigné est trop sombre.
Olympus E-M1 Mark III, 12-40mm, 1/80 à f/8, ISO 400
En plaçant la lampe plus loin, on diminue le ratio entre le point le plus près de la lampe et celui plus éloigné, de sorte que la lumière paraît plus uniforme. Par contre, on perd de la luminosité; il faudra compenser avec l’exposition.
Olympus E-M1 Mark III, 12-40mm, 1/6 à f/8, ISO 400
Cette orchidée image réalisée au flash donne l’impression d’avoir été réalisée en pleine nuit, un exemple classique de photo au flash avec un fond trop éloigné du sujet.
Canon 20D, 100 macro, 1/100 à f/11, ISO 100
En ajustant l’ouverture et l’ISO, j’ai donné une chance à la lumière ambiante d’éclairer le fond pour ainsi mieux équilibrer la lumière ambiante et la lumière du flash.
Canon 20D, 100 macro, 1/100 à f/5.6, ISO 400
Un autre exemple ou l’exposition au flash résulte en un fond noir.
Canon 20D, 100 macro, 1/100 à f/9.0, ISO 200
Ici encore, un simple réglage de l’ISO, combiné avec un léger changement d’angle de prise de vue, ont permis d’obtenir un fond mieux éclairé par la lumière naturelle.
Canon 20D, 100 macro, 1/100 à f/9.0, ISO 400
Lorsque l’exposition est bien maîtrisée la présence du flash devient pour ainsi dire invisible.
Canon 20D, 100 macro, 1/100 à f/6.3, ISO 400
Canon 40D, 100 macro, 1/30 à f/8.0, ISO 320
Canon 40D, 100 macro, 1/125 à f/8.0, ISO 400, flash annulaire