Les comètes sont des corps célestes qui ont une orbite très allongée qui les emmène des confins du système solaire jusqu’aux abords du soleil. Dans certains cas, cette approche leur est fatale, et la comète se désintègre. Dans d’autres cas, la comète peut faire des visites à répétitions, avec des intervalles réguliers pouvant varier de quelques années à plusieurs milliers d’années entre chaque passage. Lorsqu’elles se rapprochent du soleil, les comètes se réchauffent et commencent à former une queue de gaz qui pointe toujours en direction opposée du soleil. C’est alors que les plus grosses et plus brillantes des comètes peuvent devenir visibles.
Beaucoup d’astronomes amateurs se spécialisent dans la recherche de comètes. Ceux qui sont assez chanceux pour être les premiers à en observer une peuvent alors voir leur nom associé à leur découverte. Par exemple, la comète Shoemaker-Levy 9 était la neuvième comète découverte par le couple Eugene et Carolyn Shoemaker et leur collaborateur David Levy; cette comète est célèbre pour s’être écrasée sur Jupiter en 1994. Beaucoup de comètes sont également nommées pour l’instrument qui a effectué l’observation initiale, comme LINEAR, ou WISE.
La plupart des comètes sont plutôt discrètes et demeurent invisibles à l’œil nu, de sorte qu’il y a beaucoup plus de comètes que la plupart des gens pourraient le croire. Et c’est là que la photographie peut venir à notre rescousse. Il suffit de savoir où pointer son appareil.
Les comètes sont un autre de ces objets célestes qui sont souvent plus grands que ne le pensent la plupart des non-initiés. Sauf lorsque la comète est encore très loin du soleil, un télescope ne sera pas nécessaire; son champ de vision sera même souvent trop serré pour faire une image intéressante. De plus, sauf si le télescope est parfaitement aligné (par un expert…) sur la polaire et sur deux ou trois étoiles, avec en plus les connaissances ou les logiciels nécessaires pour le pointer sur la comète recherchée, il sera souvent difficile de trouver le sujet. Ma solution est alors de travailler avec un objectif zoom qui permet de commencer par des photos en plan plus large pour trouver la comète qu’on peut alors recadrer en zoomant plus serré avant de passer à la photo suivante.
Cet automne, j’ai donc eu l’opportunité de photographier ma troisième comète. Ma première fut Hale-Bopp en 1997. À l’époque, je n’étais pas équipé d’un télescope ou d’un système de suivi des étoiles. En plus, on était toujours à l’époque de la pellicule. En revenant d’une excursion, j’ai aperçu la comète un peu au-dessus de l’horizon. Je me suis alors garé le long de l’autoroute pour faire quelques clichés, en exposant pour garder le ciel assez sombre et en espérant pour le mieux. Bien qu’imparfaits, les résultats m’ont donné de bons souvenirs que j’ai amélioré des années plus tard avec quelques retouches sur les images numérisées.
Des années plus tard, alors que j’habitais Montréal, la comète Neowise nous a visités à l’été 2020. Travaillant depuis le balcon à l’arrière de l’appartement, j’ai fait quelques images raisonnables, mais qui m’ont laissé sur mon appétit… J’aurais préféré être mieux équipé, ou dans de meilleures conditions, pour obtenir de meilleures images.
Cet automne, mon souhait a finalement été exaucé avec Tshuchinshan-Atlas. Si plusieurs soirées ont été gâchées par la couverture nuageuse, quelques-unes ont été suffisamment dégagées pour pouvoir travailler avant que la comète ne descende au-dessous de l’horizon. Le problème était que la comète qui s’éloignait du soleil n’était pas visible à l’œil nu, du moins de chez moi. Pour la repérer, j’ai utilisé un logiciel, Stellarium, en conjonction avec le système « GoTo » de ma tête de télescope motorisée. Les comètes ne sont pas répertoriées dans la liste d’objets programmés dans le GoTo. J'ai donc trouvé une étoile proche qui est listée (ex. SAO 121658), avant de faire pivoter la tête motorisée vers celle-ci pour faire une première image avec mon 40-150mm avec le zoom au minimum pour avoir un champ assez large pour repérer la comète. Pour cette première image, j'ai poussé l’ISO vers 6400 pour mieux séparer la comète des étoiles environnantes. Une fois la comète localisée, j'ai fait pivoter l’appareil et zoomé pour mieux cadrer mon image. Pour obtenir assez de grossissement, un doubleur de focale a été assujetti au 40-150, donnant un 300mm qui a été amplement suffisant pour obtenir un gros plan de la comète. Quelques jours plus tard, une autre soirée dégagée m’a permis d’ajouter quelques images supplémentaires, mais j’ai dû trouver une nouvelle étoile pour me guider, la comète s’étant déplacée substantiellement entre les deux sessions de photos.
Tshuchinshan-Atlas est toujours visible pendant quelques heures en début de soirée, mais elle continue de s’éloigner et sa luminosité diminue graduellement. Après, environ, un mois, elle est passée d’une magnitude de 4 le 20 octobre à une magnitude de 8,2 le 13 novembre. Selon cette échelle de luminosité, un objet est 2,5 fois moins brillant pour chaque cran de magnitude; autrement dit, lorsqu’elle est passée de magnitude 4 à 5, la comète était déjà 2,5 fois moins lumineuse, et elle était encore 2,5 fois moins brillante à magnitude 6, et ainsi de suite… Armé de cette information, on comprend alors pourquoi dans ma dernière image la comète paraît si petite et beaucoup moins spectaculaire. Je vais continuer à la photographier pour voir jusqu’à quelle magnitude j’arriverai à la repérer sur mes photos.
Beaucoup de comètes sont visibles depuis l’Hémisphère Nord, mais la plupart ne sont visibles qu’au télescope, ou à tout le moins avec un appareil photo muni d’un objectif assez puissant et avec un temps d’exposition assez long. Sur le site qui suit, on peut voir une liste des comètes visibles dans l’Hémisphère Nord jusqu’en 2029: http://www.aerith.net/comet/future-n.html
LES PHOTOS
Trois photos tirées de diapositives et retouchées numériquement. Puisque je n’avais pas de système de suivi des étoiles, celles-ci paraissent sous la forme de lignes plutôt que de points.
La comète Neowise photographiée de mon balcon à Montréal.
Olympus E-M1 Mark III, 40-150 à 150mm, 88 images de 1 seconde assemblées avec le logiciel Sequator, f/5.6, ISO 1600
Travaillant sans système de suivi, il était nécessaire de faire des expositions assez courtes pour éviter que les étoiles soient rendues sous forme de trait plutôt que de points.
Olympus E-M1 Mark III, 40-150 à 100mm, 109 images de 1.3 seconde assemblées avec le logiciel Sequator, f/2.8, ISO 6400. Image recadrée.
Même avec des images de 8 secondes, les étoiles sont nettes grâce à ma tête de télescope motorisée.
Olympus E-M1 Mark III, 40-150 à 150mm, f/4.0, ISO 800. 19 images de 8 secondes assemblées avec le logiciel Sequator et retouchées avec Photoshop.
En empilant des images avec un logiciel spécialisé, on peut accumuler la luminosité des images individuelles et ainsi voir des choses impossibles de voir à l’œil nu.
Olympus E-M1 Mark III, 40-150 et 2x à 210mm, f/4.0, ISO 1600. Total de 23 minutes en tranches 8 secondes assemblées avec Sequator et traitées avec Photoshop.
Accumuler des images permet également de réduire le bruit numérique, ce qui permet de pousser un peu plus l’ISO sans ajouter trop de grain.
Olympus E-M1 Mark III, 40-150 et 2x à 300mm, f/5.6, ISO 3200. Total de 11 minutes en tranches 8 secondes assemblées avec Sequator et traitées avec Photoshop.
En s’éloignant du soleil, la queue de la comète raccourcit et celle-ci perd de sa luminosité.
Olympus E-M1 Mark III, 40-150 et 2x à 300mm, f/5.6, ISO 1600. Total de 38,5 minutes en tranches 30 secondes assemblées avec Sequator et traitées avec Photoshop.
La 40-150, munie d’un doubleur de focale, est montée sur la tête de télescope motorisé. Des plaques spéciales sont disponibles chez les marchands de télescopes. Une autre option, plus compliquée, serait de monter l’objectif en « piggy back » sur le dos d’un télescope.
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